D’anciens panneaux de signalisation, un outil pédagogique et beaucoup d’échanges… pour lutter contre les préjugés sur les migrants

La classe de 4ème de la MFR de Thuret (Puy-de-Dôme) a mené le projet « Code Respecto » à l’aide d’anciens panneaux de signalisation et d’un support pédagogique pour amorcer le débat et lutter contre les représentations erronées sur les migrants.

Une brève histoire du projet

Un « Code Respecto »… pour lutter contre les préjugés sur les migrants. C’est le nom du projet lancé par la MFR de Thuret destiné à la classe de 4e. Il s’est construit autour de deux éléments : un support d’animation avec d’anciens panneaux de signalisations récupérés et d’une boîte à outils « La voix des migrant(e)s et des diasporas – déconstruire 10 idées reçues sur migrations et développement », portée par le FORIM (Forum des organisations de solidarité internationale issues des migrations).

La vingtaine d’élèves a commencé d’abord par repeindre l’ensemble des panneaux de signalisation en noir avec le logo de la MFR et une ampoule blanche. Le travail s’est poursuivi par des moments d’échange et de débat en classe en s’appuyant sur le jeu pédagogique composé de 7 cartes portant une affirmation vraie, et de 9 cartes avec une affirmation fausse ou incomplète. L’objectif étant de provoquer des réflexions et de lutter contre les représentations erronées autour du sujet sensible des migrations.

Ce dialogue s’est poursuivi à l’occasion du Marché éphémère et de la porte ouverte de la MFR, le samedi 29 mai 2021, avec un stand dédié : sur chaque table, un panneau de signalisation s’y trouvait avec deux fiches plastifiées comportant une idée reçue, et à côté un buste de Marianne en papier mâché (un autre projet mené par le formateur en éducation morale et civique). « L’aide au développement permet de réduire le migrations, vrai ou faux ? » ; « Les migrants représentent un coût pour les Pays d’accueil, vrai ou faux ?», etc. Au total 16 affirmations ont généré des discussions entre les élèves de 4e et les visiteurs. La crise sanitaire a empêché à d’autres temps forts de se dérouler, comme une présence sur le festival « Les cultures du Monde » à Gannat, ainsi que des rencontres avec le centre d’accueil de demandeurs d’asile de Bussière et Pruns et la Cimade, elles sont prévues cette année auprès de ces jeunes scolarisés en 3e.

Trois questions à Sophie Parent, monitrice-formatrice à la MFR de Thuret :

Il y a eu un partage de connaissances et une sensibilisation des élèves sur des aspects auxquels ils n’étaient pas concernés 

Comment en êtes-vous venu à travailler sur le sujet des migrations ?

Depuis quelques années nous observions dans les classes des réactions assez tranchées sur les migrants. L’actualité sur ces sujets favorisait chez eux des propos virulents avec des idées reçues qui s’imposaient de plus en plus dans les échanges tels que « les migrants viennent prendre nos emplois » « les migrants ont beaucoup d’argent, on leur paie tout ». Nous avons donc souhaité aborder ces questions ensemble dans une démarche constructive en s’aidant de ce jeu des 10 mythes sur les migrations. Ce support pédagogique sérieux était indispensable pour aborder ce sujet sensible, il nous a permis de nourrir les échanges avec des faits concrets et des chiffres fiables, sans cela, ce travail aurait été délicat pour lancer des débats sur les migrations internationales et faire bouger les lignes.

Quel a été l’impact de ce projet auprès des jeunes ?

Au départ, ce projet a suscité du scepticisme dans la classe. Certains étaient arc-boutés à des idées reçues. Puis petit à petit ils se sont intéressés au sujet, ils en ont parlé avec leur famille, leurs copains. Certains ont regardé des reportages, d’autres ont lu des articles. Ils réagissaient également à ce qu’ils pouvaient voir sur les réseaux sociaux. Il y a eu un partage de connaissances, et une sensibilisation sur des aspects auxquels ils n’étaient pas concernés. Cela a permis à des élèves qui tenaient des propos radicaux de les modérer. D’autres étaient dans une grande ouverture d’esprit avec une volonté d’apprendre. Cette démarche a suscité beaucoup d’échanges en compagnie des moniteurs, lors des repas à la cantine, ou les veillées le soir, mais aussi de manière informelle entre les jeunes. L’objectif était de générer des questionnements, de débloquer les idées reçues, en ce sens il est atteint. Il s’agit d’une amorce que nous souhaiterions approfondir avec des acteurs extérieurs, cela n’avait pas pu se faire à cause du Covid. Nous espérons cette année aller au bout de l’aventure en organisant une rencontre avec le centre d’accueil de demandeurs d’asile de Bussière et Pruns et la Cimade.

En quoi ce projet s’est révélé utile pour la MFR ?

Ce travail sur les représentations des migrants a non seulement suscité un débat entre les jeunes, mais aussi avec les 12 personnes de l’équipe de la MFR, à la fois les moniteurs, mais aussi la maîtresse de maison, le secrétariat, l’homme de ménage… Nous avons veillé à avoir un discours commun, et argumenté envers les élèves, il y a eu beaucoup de discussions entre nous. Aussi, ces anciens panneaux de signalisations se sont révélés être un support d’animation utile pour débattre de sujets sensibles. Nous envisageons de les réutiliser pour travailler sur d’autres projets tels que l’égalité homme femme, le réchauffement climatique…et de les déployer dans des manifestations à l’extérieur de la MFR pour être plus présent sur notre territoire.

Ils se sont investis dans le projet !

Ce projet m’a permis de développer mes connaissances et d’évoluer sur certaines idées reçues

Benjamin Gallier, 15 ans, en 3e

« Ce projet m’a permis de développer mes connaissances et d’évoluer sur certaines idées reçues. Je pensais savoir certaines choses, alors que c’était faux. J’ai découvert par exemple que les français à l’étranger étaient aussi des migrants, selon moi ce sont des expatriés. Je ne savais pas non plus que les migrants et les immigrés c’était la même chose. J’en ai aussi parlé avec mes parents. »


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Béatrice
Chargée de développement éducatif, Béatrice a été monitrice puis directrice d’une MFR. Croyant en l’éducabilité de chacun, à tous les âges, elle a à cœur d’accompagner les équipes et les administrateurs dans l’objectif que chaque jeune accueilli en MFR puisse s’épanouir et participer à la construction du monde de demain.

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