La classe de CAPA SAPVER 1re année de la MFR de Plérin s’est investie dans la création d’une mini-entreprise. Les 21 élèves ont appris à travailler ensemble, à se connaître, et à mener de bout en bout la fabrication et la vente de plus de 180 tote bags.
Une brève histoire du projet
La MFR de Plérin, dans les Côtes d’Armor, avec l’association « Entreprendre pour Apprendre », a souhaité proposer à l’une de ses classes de créer une mini-entreprise pour fabriquer et vendre un produit. Mais quel produit choisir ? Les 21 jeunes de la classe CAPA SAPVER, première année, se sont concertés et ont exprimé leur volonté : fabriquer un objet utile, sérigraphié, à partir de tissus recyclés, et vendu pas trop cher. Il était aussi important pour eux de voter chaque décision et de reverser les bénéfices de leurs ventes à une association solidaire. Mais quel objet choisir ? Pourquoi ne pas confectionner un T-shirt ? C’est finalement l’idée du tote bag qui a été retenue, plus simple à réaliser. Organisée comme une entreprise, la classe a réparti ses forces entre un atelier de production, un service communication et une équipe de 8 vendeurs.
« Si tu ne veux pas polluer, achète un tote bag »
Les élèves ont pris l’initiative de développer des partenariats avec plusieurs associations locales. Sensibilisés aux enjeux de l’économie circulaire, une antenne d’Emmaüs a été contactée pour fournir le tissu : des cartons de draps leur ont été proposés, 30 euros le tout. Ils ont sollicité une sérigraphe de Saint-Brieuc qui a imaginé le visuel à partir du cahier des charges établi, et un slogan choisi à l’unanimité : « Si tu ne veux pas polluer, achète un tote bag ».
Ils ont aussi pris contact avec l’association Barrez la différence, qui lutte contre la discrimination liée au handicap, avec le souhait de leur reverser le bénéfice des ventes. Au total 180 tote bags ont été vendus, 5 euros pièce, à la fois dans le réseau familial et auprès des maîtres de stages, des élèves, et sur un stand du marché local au sein de la MFR, lors de sa journée porte ouverte.
Trois questions à Réjane Guiguen, chef de projet
« Il y a eu beaucoup du respect envers l’autre. Chaque élève devait avoir sa place dans ce projet.»
Réjane Guiguen, chef de projet
De quelle façon ce projet a-t-il développé la citoyenneté des jeunes ?
Ce projet avait du sens pour ces jeunes amenés à effectuer des stages dans des commerces ou des structures d’aides à la personne. Ils se sont ouverts au territoire en découvrant notamment des associations solidaires. Ils ont été sensibilisés à l’économie circulaire.
Chaque étape du projet a été votée par toute la classe. Les élèves ont dû prendre en compte les opinions diverses et accepter que leur idée ne soit pas retenue pour faire avancer malgré tout le projet. Ils ont appris à travailler en groupe, à être solidaires entre eux, à se fédérer. Il y a eu beaucoup du respect envers l’autre. Chaque élève devait avoir sa place.
Cet exercice leur a permis de changer de regard sur eux-mêmes. Par exemple, une jeune fille porteuse de syndromes autistiques a complètement participé au projet, du début à la fin. Elle a impressionné ces camarades.
Comment les jeunes se sont-ils impliqués dans le projet ?
Au sein de la MFR, nous avons l’habitude d’initier différentes actions à vocations sociale, culturelles et humanitaires, mais c’était la première fois que nous mettions en place un projet avec une dimension entrepreneuriale. Les 21 élèves de la classe ont été immédiatement enthousiastes à l’idée de créer une mini-entreprise, beaucoup d’idées ont germé…
Ils ont appris ce qu’était un budget, à fixer un prix, à faire la différence entre un bénéficie et un chiffre d’affaires… Ils ne pensaient pas que c’était aussi compliqué de créer un produit ! Ils sont fiers d’être allés jusqu’au bout de l’aventure. Ils avaient à cœur de terminer les sacs et de les vendre. Ca n’a pas été simple avec le confinement. Il a fallu être tenace, ne pas lâcher.
Vous êtes à la fois directrice de la MFR et formatrice en français, vous avez piloté ce projet… En quoi a-t-il été important pour la MFR de Plérin ?
Cette aventure permet de voir les jeunes autrement. Jamais je n’aurais pu deviner que certains élèves soient moteurs ou expriment de réelles compétences, que ce soit en couture ou en sérigraphie, en vente, en communication… En tant que formateur, ce sont des leviers à utiliser pour construire les parcours de formation. Ce projet a permis aussi à la classe de participer au Festival des mini-entreprises 2021, organisé par l’association Entreprendre pour Apprendre. Les élèves devaient réaliser un petit film de 4 minutes pour expliquer leur projet : ils ont filmé avec leurs portables et réalisé le montage. Ils étaient moteurs et plus compétents que moi ! Cette mini-entreprise a été l’occasion d’un partage d’expériences. Nous avons appris des jeunes.
Aussi, les partenariats avec plusieurs associations locales changent nos habitudes et permet à la MFR de rayonner sur son territoire. Par exemple avec Emmaüs, c’est le début d’une aventure pour d’autres projets. Grâce à la publication d’articles dans la presse locale, ce projet insuffle une autre image de la MFR et des jeunes, reconnus pour leurs compétences.
Ils se sont investis dans le projet !
Témoignage croisé avec David & Candice : « Nous avons mis nos problèmes de côté pour aller jusqu’au bout de l’aventure »
« Ce projet nous a permis de mieux nous connaître, en découvrant nos qualités et nos défauts. Nous avons mis nos problèmes de côté pour aller jusqu’au bout de l’aventure. Le fait de verser les bénéfices à une association qui se bat pour les personnes en situation d’handicap nous a encore plus motivé. On n’avait pas droit à l’erreur. Nous étions tous concentrés et plus rigoureux pour sérigraphier les totes bags. Et dans les moments difficiles, nous échangions beaucoup. On s’est tous soudés ! Il y avait de l’écoute et de la tolérance.
Nous avons par exemple été impressionnés par Coralie, une camarade de classe qui s’est révélée en cousant 40 sacs. Auparavant, elle était discrète, timide, on était loin d’imaginer qu’elle pouvait avoir ce don en couture. Depuis, Coralie s’est complètement intégrée à la classe. De même avec Julie, jeune fille qui souffre de troubles du spectre de l’autisme), lorsque nous avons réalisé une vidéo pour présenter le projet, nous étions quatre à le faire, c’est la seule qui a fait une seule prise ! Elle était en confiance. Des amitiés se sont créées. Il y a désormais beaucoup plus de respect entre nous. On se parle sans se crier dessus ! »