À l’occasion de la dernière journée mondiale des pêcheurs artisans et des travailleurs de la Mer, nous avons eu la chance d’aller à la rencontre de Johann et Christophe Charrier, un binôme d’ostréiculteurs apprenti et tuteur, et surtout père et fils.
Bonjour Johann, peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Johann, j’ai 16 ans et je vis en Vendée. Actuellement je suis apprenti dans l’entreprise d’ostréiculture de ma famille, aux côtés de mon père.
As-tu toujours été attiré par l’aquaculture ?
Petit, j’ai passé beaucoup de temps dans l’entreprise d’ostréiculture de mon père et je n’étais pas spécialement attiré par ces métiers. Et puis, c’est lors d’un stage en nurserie ostréiculture en troisième que je me suis dit que c’est ce que je voulais faire et j’y ai donné plus d’intérêt.
Quel est ton parcours professionnel ?
Après l’obtention de mon brevet à Saint-Jean-de-Monts, je suis désormais en Bac professionnel Cultures Marines sur trois ans à la MFR de Challans. J’ai déjà fait un stage en nurserie d’huîtres à Bohain. Actuellement en apprentissage en classe de première, deux options sont possibles à la fin de ce Bac professionnel : commencer un emploi dans une entreprise, ou continuer sur un BTS dans la gestion. La poursuite vers un BTS n’est pas forcément ce qui m’intéresse, j’envisage de m’installer directement dans la société familiale.
Qu’est-ce qui te plaît dans le Bac professionnel en Cultures Marines ?
Il y a beaucoup de pratique et peu de théorie, donc c’est bien ça varie. Le nombre d’heures est presque égal, on peut donc voir beaucoup plus de choses que dans un lycée classique orienté théorie. Mon rythme est sur deux semaines/école et deux semaines/entreprise. Mais ici aussi ça varie ! Par exemple, tout le mois de décembre la MFR de Challans s’adapte pour que nous puissions être en entreprise lors des marées. Actuellement nous sommes quatorze, quatre sont en aquaculture (poissons) et 10 en conchyliculture (huîtres, moules et palourdes).
Entreprise ou MFR ?
Je préfère être en entreprise car le temps passe plus vite ! Et quand je suis en cours, ce sont ceux professionnels mes favoris : gestion d’une entreprise, écloserie (état de larve), PSE (protection santé environnement), conchyliculture et sanitaire. C’est assez théorique mais nous avons des sorties et visites en entreprise pendant l’année.
As-tu déjà un métier précis en vue ?
Après mon bac professionnel j’ai prévu de continuer de travailler dans la société de mon père en tant qu’ostréiculteur. Et, à plus long terme reprendre des parts de l’entreprise après mon bac professionnel.
Qu’est-ce qu’il te plaît dans ce métier ?
La diversité des activités ! On ne s’en lasse pas car c’est un roulement, les journées ne se ressemblent pas. Pêche des poches, tri, remise en poche puis remise en mer, vente sur le marché… Un regroupement de plusieurs compétences.
Est-ce que tes proches et amis comprennent la complexité des professions marines ?
Toute ma famille travaille dans ce domaine et j’ai des amis dans ce domaine donc oui. Dans ma classe certains n’étaient pas de ce métier mais ils connaissaient des personnes exerçant dans ce domaine, c’est ce qui les a fait rejoindre la formation. Désormais ils comprennent.
Que dirais-tu à un jeune qui hésite à se lancer dans cette voie ?
C’est un beau métier ! Même s’il fait froid l’hiver, l’été on se croirait en vacances sur nos parques avec le beau temps. Il y aussi la variété des activités, on ne se lasse pas il y a beaucoup d’activités à y faire, les journées ne se ressemblent quasiment pas.
Peux-tu nous raconter une journée type en tant qu’apprenti ?
– Jours sans marée : C’est en bouche entre 7h30 et 8h et on fait principalement du calibrage (on trie les huîtres par poids)
Chaque huître est mise dans une machine puis ressort dans une autre machine. La voilà prête pour les fêtes de fin d’année ! En cette période, c’est essentiellement du calibrage.
– Jours avec marée : Lorsque c’est grosse marée on fait du calibrage mais nous allons aussi en mer pour repêcher d’autres poches et continuer le calibrage. Nous faisons tout à deux cette année, entre père et fils, hormis pour les fêtes où nous avons des renforts dont notre famille.
Christophe, pensez-vous que ce secteur dans lequel vous et votre fils évoluez est assez connu des jeunes ?
Pas forcément car c’est comme l’agriculture, ça reste des entreprises souvent familiales, si on est pas née dans le secteur c’est pas évident de s’essayer. Mais il y a toujours quelques jeunes qui viennent s’essayer et à eux de se faire leur idée. Après ça reste un métier dur en hiver, mais pas plus dur que de faire de la menuiserie dehors ou autre. Après si le jeune est intéressé pourquoi pas, mais c’est vrai que dans les métiers c’est sur le terrain que l’on apprend à travailler, c’est pourquoi les formations en alternance sont intéressantes.
Johann a-t-il commencé assez jeune ?
Oui, il venait déjà tout petit à l’établissement donc il connaissait déjà le fonctionnement. Même si c’est en troisième année qu’il s’est vraiment décidé à entrer dans le métier. Le bac pro étant en trois ans, il a fait son stage de première année ailleurs. En fin de première année on s’est mis d’accord pour qu’il le fasse dans l’entreprise car j’avais un besoin. On savait qu’entre père et fils ce n’est pas toujours facile de s’entendre, mais ça s’est plutôt bien passé et on a donc décidé de poursuivre sur un apprentissage. Ce n’est pas toujours facile de faire la part des choses entre le père et le chef d’entreprise mais on essaye quand même. Quand on rentre à la maison il faut faire attention, et c’est un apprenti et pas un ouvrier.
Vous recommanderiez l’apprentissage ou le stage ?
L’apprentissage car ils évoluent dans la même entreprise et ont un salaire constant. Il faut tout de même savoir qu’en MFR les jeunes ont le choix de rester soit en stage et changer régulièrement ou être en alternance. Actuellement 50% sont en apprentissage et 50% sont en stage. Les stagiaires ont les vacances scolaires, et les apprentis ont toujours leurs cinq semaines de congés.
Mot de la fin ?
D’après les retours de Johann il a une classe qui est très intéressée par tout ça donc c’est plutôt bien ! C’est sympa et motivant pour les autres qu’ils se soutiennent entre eux. Dans la classe ce n’est presque que des ostréiculteurs et mytiliculteurs (pour les moules). C’est souvent ce type d’entreprise.
Cette rencontre fût une réelle opportunité d’en découvrir d’avantage sur l’un des nombreux métiers tournés vers la mer : l’ostréiculture. Au delà d’un apprentissage riche sur le terrain comme en MFR, ce parcours permet à Johann et Christophe de se découvrir chaque jour et de s’épauler. Bien plus que des collègues, une entraide entre père et fils.