Sur quelles conditions peut-on se baser pour affirmer que nous mangeons « bien » ? « Bien manger » dispose de plusieurs significations, subjectives mais pas que ! Equilibré, goûtu, éco responsable… La MFR de Châteauneuf-sur-Isère a récemment mené une série d’actions de sensibilisation autour de l’alimentation auprès des jeunes.
Une brève histoire du projet
Tout a démarré à partir d’une enquête menée, en février 2020, pendant 2 semaines, par les étudiants en BTS diététique à la MFR de Moirans sur « les pratiques et les coutumes alimentaires des adolescents en formation alternée », à destination des jeunes des 3 MFR de Mondy, Anneyron et Châteauneuf-sur-Isère. Elle avait pour but de comprendre les freins psychologiques des jeunes à se nourrir sainement et de façon équilibrée. Ce diagnostic a généré 529 réponses.
Ce travail a permis d’élaborer en lien avec la fédération départementale MFR Drôme Ardèche, un projet d’éducation alimentaire. Des ateliers en éducation santé environnement ont été mis sur pied pour comprendre les raisons qui fondent la résistance au comportement de changement alimentaire des jeunes. A la MFR de Châteauneuf-sur-Isère, les BTS en 1 ère et 2 e année ont bénéficié d’une intervenante pour penser une éthique alimentaire.
Une journée consacrée à des défis
De leur côté, les 3 e d’orientation, en lien avec les formateurs ont travaillé sur la mise en place d’un questionnaire sur leur rapport à l’alimentation, leurs connaissances sur les fruits et légumes, leurs critères de choix des courses alimentaires. La classe de BTS a également organisé une journée le 18 mai 2021 autour de défis un atelier cuisine, un atelier dégustation à l’aveugle et des jeux autour de la saisonnalité des fruits et légumes. Les équipes d’élèves ont été évaluées donnant droit à des paniers garnis de produits locaux en associant un agriculteur producteur bio local (La Ferme Clos Fougères à Châteauneuf-sur-Isère).
Une volonté de repenser les consommations :
« il y a une évolution et prise de conscience de la part des cuisiniers de la mfr dans la fabrication des repas au quotidien »
Stéphane Boisdron, directeur de la MFR de Châteauneuf-sur-Isère
Comment la MFR de Châteauneuf-sur-Isère en est venue à s’intéresser au sujet de l’alimentation ?
Depuis quelques années le thème de l’alimentation est au cœur de nos actions. La Fédération interdépartementale des MFR Drôme Ardèche est porteuse, depuis septembre 2020, d’un projet LEADER bénéficiant de fonds européens qui s’intitule « pour une alimentation écoresponsable chez moi, dans ma cantine et dans le Monde ». Les MFR de Mondy, Anneyron et Châteauneuf-sur-Isère sont engagées pour un an dans ce projet depuis septembre 2020 avec 27 classes participantes (jeunes de 4eme à BTS) ainsi que les équipes en cuisine des 3 MFR. Ce projet ambitieux porte sur des actions de sensibilisation autour de l’alimentation auprès des jeunes des MFR ainsi qu’un accompagnement des cuisiniers pour une évolution des pratiques culinaires
vers une cuisine évolutive et alternative.
Ce projet a-t-il été bénéfique pour les jeunes ?
Il y a la fois des jeunes qui ont pris conscience de l’alimentation, et de leur manière de consommer, ils avaient le désir de sensibiliser leur famille et d’autres qui ne souhaitaient pas se remettre en question. C’est une bonne chose si ces initiatives ont fait bouger les habitudes de quelques uns. Depuis ce projet, la commission restauration de la MFR s’est renforcée avec une participation plus importante des jeunes. Ca permet aux cuisiniers de la cantine d’échanger avec les élèves et d’écouter leurs envies, et voir si on peut les concrétiser.
Y-a-t-il eu des changements au niveau de la MFR ?
Le projet Leader et les actions menées par les BTS ont mobilisé l’ensemble des équipes pédagogiques de la MFR de Châteauneuf-sur-Isère qui ont adapté leur cours en conséquence.
Il y a une évolution et une prise de conscience de la part des cuisiniers de la MFR dans la fabrication des repas au quotidien. Ils sont plus vigilants sur les cuissons, la provenance des produits. Désormais, la cantine ne sert plus de viande ou de poissons reconstitués sans goût. Nous indiquons sur les menus les produits achetés localement. Il y a aussi une volonté de proposer des plats végétariens plus variés et créatifs. Les cuisiniers vont également recevoir une formation spécifique d’octobre à décembre. Plus globalement, ce projet a fait également évolué nos habitudes sur le tri des déchets, mais aussi le compostage qui vont se mettre en place dans les MFR Drôme Ardèche.
Qu’en pensent les jeunes ?
Quentin Fayard, 29 ans, BTS en économie sociale et familiale :
« J’ai trouvé ce projet utile et constructif, en parfaite adéquation avec notre BTS en économie sociale et familiale qui porte sur le développement durable, la santé, les politiques sociales. Ca reste une expérience positive pour des jeunes qui sont peu concernés par ces problématiques. Ce type d’actions permet de sensibiliser les jeunes directement, ils ont été réceptifs. Il y a eu des prises de conscience qui seront utiles pour notre vie professionnelle. Ca donne de l’espoir, ca prouve, lorsqu’on se rassemble autour d’un projet, on trouve des solutions, et les mentalités évoluent. »