Un Chant tahitien, un clip vidéo, une pièce de théâtre… Les MFR de Vairao, de Beynac et de Périgueux se sont engagées dans des créations artistiques sur l’émancipation et la défense des droits des femmes.
Une brève histoire du projet
Les classes de 4ème/3ème CAPa SAPVER (MFR de Vairao Filles), 2ème année CAPa SAPVER (MFR de Beynac) et les classes de premières Bac Pro SAPAT (MFR de Périgueux), 43 jeunes impliqués au total, ont participé à des ateliers de sensibilisation et de création artistique évoquant le droit des femmes, la femme et le milieu professionnel, l’histoire de la condition féminine, les violences conjugales, l’éducation genrée.
A la MFR de Périgueux, il y a eu plusieurs ateliers d’échanges des interventions du CIDFF Dordogne (Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles), et de Femmes Solidaires, mouvement féministe, laïque et d’éducation populaire. Puis les élèves se sont consacrés à la réalisation d’une pièce de théâtre filmée en 7 actes, d’une durée de 15 minutes. Elle abordait la lecture de contes machistes, comme bon nombre de contes de fées, avec en contrepoint des contes modernes féministes, le chant de l’hymne des femmes écrit par le MLF, l’histoire du droit des femmes, la vacuité des magazines féminins… Une bande son originale a été crée spécifiquement pour cette pièce.
A La MFR de Beynac, les jeunes ont également participé à des activités sur l’émancipation et le droit des femmes avec les jeunes. Une monitrice a notamment travaillé spécifiquement sur l’album de Grand Corps Malade dédié aux femmes intitulé « Mesdames ».
Une professeure de théâtre (Manuella Eon) est intervenue pour animer des ateliers d’écriture et d’expression scénique, et accompagner à la création de la pièce de théâtre et à la réalisation du clip vidéo.
La MFR Vairao en Polynésie s’est consacrée quant à elle à l’écriture d’un chant en français, et traduit en tahitien. Un travail sur les violences conjugales a également été mené avec l’intervention de la gendarmerie dans la classe pour informer des droits et des peines encourues.
Trois questions à Adrien Fouchier, formateur à la Maison Familiale Rurale Périgord-Limousin :
LES PROJETS MENÉS PAR LES ÉLEVES ONT PERMIS DE LIBÉRER LA PAROLE
Comment est venue l’idée du projet « femmes libres et engagées » ?
Au départ, c’était très ouvert. J’ai demandé à la classe ce qu’elle souhaitait faire passer comme message. Petit à petit la discussion s’est engagée autour de la tenue vestimentaire. La classe de 1ère Bac Pro SAPAT, de la MFR de Périgueux, à majorité féminine, a beaucoup réagi sur la difficulté pour les jeunes filles de s’habiller librement. Petit à petit, il a été décidé d’élargir cette question en se consacrant plus globalement à l’émancipation des femmes et à la défense de leurs droits.
Comment les jeunes se sont emparés du projet ?
Les projets menés par les élèves ont permis de libérer la parole. A la MFR de Périgueux, les élèves n’ont pas hésité à exprimer leurs pensées sans retenue et ont reconnu que c’était assez rare de pouvoir le faire dans le cadre d’une activité scolaire. Beaucoup se sont confiées sur leur quotidien de jeunes femmes et l’inégalité qu’elles ressentaient dans la société. Certaines ont reconnu s’habiller en jogging pour ne pas être jugées. L’équipe pédagogique ne s’attendait pas à autant de réactions sur les comportements et les agressions sexistes à l’échelle d’une classe. A la MFR de Beynac, une solidarité féminine s’est même créée dans la classe. Grâce à ce travail commun, les élèves féminines se sont senties plus fortes, en prenant de l’assurance, et cela les a aidées pour s’affirmer en tant que femme dans la société.
Qu’est ce qui ressort de cette aventure pour les trois MFR engagées dans le projet ?
En menant ces projets artistiques, nous avons fait le constat que la thématique de l’évolution des droits des femmes était peu évoquée au sein de nos établissements, alors que nous recevons une majorité de jeunes filles. Le projet a bénéficié d’un financement de l’AFD nous permettant de collaborer avec une intervenante qui s’est investie dans la création de la pièce de théâtre et du clip vidéo. Grâce à son profil d’animatrice et de professeur de théâtre, elle a apporté une plus value et une densité au projet grâce au fait qu’elle était extérieure à la MFR. Les jeunes ont pu ainsi s’exprimer librement. Sans elle, la libération de la parole n’aurait pas pu se faire avec autant de sincérité si les moniteurs s’étaient occupés seuls de ces projets.